Un laboratoire de recherche canadien en urogynécologie mène actuellement une étude portant sur un traitement de physiothérapie pour des patientes âgées atteintes d’incontinence urinaire. Les résultats attestent une amélioration significative des troubles après seulement 12 semaines d’exercices. C’est l’espoir d’une solution définitive sans chirurgie et sans effets secondaires pour des millions de femmes atteintes de cette pathologie socialement invalidante.
Une étude canadienne présente des résultats encourageants pour la majorité des patientes
L’incontinence urinaire n’est pas seulement la conséquence du vieillissement, c’est aussi un symptôme lié à des troubles physiques. Une étude menée sur 290 patientes suivant un programme de 12 semaines annonce des résultats préliminaires prometteurs, avec un taux de satisfaction de 97 % des sujets. Le traitement thérapeutique s’annonce efficace, sans chirurgie et sans effets secondaires.
Le traitement contre l’incontinence résiderait dans la tonicité musculaire
En orientant ses recherches sur des femmes incontinentes âgées de plus de 60 ans, le Professeur Chantale Dumoulin (chercheuse et directrice du laboratoire responsable du projet à Montréal) atteste que des exercices de renforcement musculaire des tissus de soutien jouent un rôle primordial dans l’amélioration, voire la disparition des symptômes de pertes urinaires involontaires. L’ensemble musculaire dont il est question est appelé périnée ou plancher pelvien et se situe entre la vessie et le vagin. Il sert notamment à contrôler l’évacuation des selles et des urines.
Dans le cadre de cette étude canadienne, les patientes participent à un programme de 12 semaines, comprenant des apprentissages théoriques et des exercices de renforcement des muscles du périnée. L’efficacité de cet entrainement est confirmée un an plus tard par l’ensemble des femmes qui ont terminé ce protocole et qui constatent une amélioration significative de leurs troubles urinaires, ne souhaitant plus recourir à d’autres traitements chirurgicaux plus invasifs.
Comprendre les causes de l’incontinence et adopter des traitements préventifs adéquats
La principale cause des fuites urinaires reste l’affaiblissement des muscles du plancher pelvien, dû aux accouchements par voie basse qui fragilisent ces tissus de soutien, ou à une perte de tonus liée à l’âge et à la chute hormonale.
Pour 75 % des consultations, les conséquences de cette fragilité musculaire concernent des pertes urinaires à l’effort au moment d’une tension physique, un éternuement, un éclat de rire… Le quart restant des demandes médicales se rapporte à des incontinences d’urgence, soit des envies soudaines d’uriner, mais qui ne laissent pas le temps d’aller aux toilettes.
Des exercices de renforcement musculaire effectués régulièrement donnent des résultats bénéfiques, et 40 % à 75 % des femmes qui y recourent notent une nette amélioration de leur contrôle urinaire. Ces entrainements peuvent être pratiqués de façon simple et sans matériel, à domicile, notamment les exercices de Kegel, reconnus pour améliorer le tonus des muscles périnéaux en contractant et relâchant volontairement le périnée, ou encore la rééducation de la vessie afin de retarder et d’espacer graduellement les mictions.
Un sujet tabou, mais fréquent pour bon nombre de patientes
Près de 3 millions de personnes souffrent de pertes urinaires, et la moitié des femmes incontinentes ont moins de 35 ans. Ce risque est aussi 2 fois plus important pour les femmes que pour les hommes en raison de leurs caractéristiques physiques et physiologiques.
En raison du tabou qui règne autour de l’incontinence urinaire, beaucoup de personnes n’en parlent pas à leur médecin. Pourtant, lorsqu’elle n’est pas reconnue, l’incontinence peut fortement perturber la vie sociale, sexuelle et professionnelle.
C’est pourquoi il est vital de rompre le silence en consultant un urologue – dont c’est le métier - dès les premiers signes, car retarder le rendez-vous chez le médecin peut être préjudiciable sur l’évolution des troubles.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 15/09/2015
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue