En 2019, un sondage IFOP, sur un échantillon représentatif, indique que 37 % des Français courent le risque de l’incontinence, dont 9 % sont touchés directement par ce symptôme. Le phénomène n’est donc pas marginal. Pour autant atteint-il les deux sexes de la même façon et au même âge ? Adultes et enfants, sommes-nous égaux devant les fuites urinaires ?
L’incontinence : de quoi parle-t-on ?
L’incontinence se caractérise par la perte involontaire d’urine et peut survenir en journée (incontinence diurne ou énurésie diurne), la nuit (incontinence nocturne ou énurésie nocturne) voire jour et nuit (incontinence mixte). Ces fuites urinaires peuvent, selon l’âge et les sexes, disparaître ou revenir. Mais, sommes-nous égaux devant ce risque ? Y sommes-nous tous exposés au cours de notre vie ?
Filles et garçons : un partage équitable du risque d’incontinence
Le schéma général de l’incontinence montre que 15 à 20 % des enfants de 5 à 10 ans sont incontinents. Plus de 90 % des enfants sont propres en journée, avant leurs 5 ans, mais l’énurésie nocturne perdure jusqu’à 7 ans environ.
Durant cette période, en principe l’incontinence diurne touche davantage les filles, les garçons faisant plutôt pipi au lit la nuit. Toutefois, l’hérédité intervient dans l’énurésie nocturne : quel que soit le genre, les plus touchés sont ceux qui ont des antécédents familiaux d’incontinence.
Elle n’épargne pas davantage l’adolescence bien qu’il soit difficile de donner des chiffres fiables : le phénomène demeure tabou, donc sans doute sous-estimé. Environ 2 % des adolescents sont touchés. Les jeunes femmes souffrent souvent de blessures du plancher pelvien lors de sports à fort impact au sol (course à pied, gymnastique, tennis, sports collectifs…). Pour autant, la sédentarité ne résout rien, car l’obésité et le surpoids sont des facteurs favorisant l’incontinence en raison de la pression qu’ils exercent sur la vessie.
À noter que bon nombre d’urologues constatent le rajeunissement de la clientèle féminine : le style de vie hyperactif de certaines jeunes femmes, mélange de sport intensif et de repos minimum après l’accouchement, ou le surpoids, par excès de sédentarité, fragilisent le périnée.
Adultes : un risque d’incontinence moins bien partagé
Les fuites urinaires avant 50 ans : les deux sexes concernés
L’hyperactivité vésicale (envies d’uriner fréquentes, besoins « pressants » de soulager sa vessie, réveils nocturnes) touche les deux sexes : le ratio est d’un homme pour 1,4 femme, soit 10 à 15 % des adultes.
En revanche, l’incontinence d’effort concerne 30 à 40 % des femmes entre 30 et 60 ans. Elle se traduit par des fuites lors d’un mouvement (tousser, rire, éternuer…). Elle révèle la fragilité du périnée ou une hypermobilité de l’urètre. Leur physiologie (un périnée plus fragile) et leur parcours de vie (maternité et ménopause), exposent les femmes à un risque accru d’incontinence par relâchement des tissus musculaires.
Les fuites urinaires après l’âge de 50 ans concernent les femmes
Dès 55 ans, la ménopause amoindrit l’élasticité de la vessie et un besoin irrépressible d’uriner se fait sentir.
Quant à l’homme, l’incontinence d’effort le touche lors de problèmes prostatiques (prostate trop volumineuse, ablation de la prostate). Là encore, l’opération n’est pas systématique : des médicaments ou des règles d’hygiène de vie peuvent suffire à régler cette difficulté.
Cependant persiste une inégalité entre les deux sexes. Contrairement aux femmes qui peuvent évoquer l’incontinence avec leur gynécologue, les hommes se retrouvent souvent seuls et désemparés face à ce trouble. Surtout, il convient de considérer votre généraliste comme un professionnel compétent. Faites-en un interlocuteur privilégié pour améliorer votre qualité de vie.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 09/02/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue