Après avoir reçu le rapport du Pr HAAB, Philippe Bas a annoncé plusieurs décisions, avec pour objectif de lever les tabous pesant sur cette maladie, de mieux la traiter et la prendre en charge, pour redonner espoir et vie sociale aux Français qui en sont atteints.
Trois millions de personnes, hommes, femmes et enfants, souffrent d'incontinence urinaire en France. Environ 10% des enfants de 5 à 10 ans souffriraient d'énurésie. 19% des femmes souffriraient d'incontinence d'effort et 17% d'hyperactivité vésicale, les 2 principales causes d'incontinence urinaire. L'incontinence d'effort touche aussi les hommes, notamment après une prostatectomie et près de 16% des hommes de tous âges souffrent d'hyperactivité vésicale. Enfin, l'incontinence urinaire concerne aussi une très grande partie des patients atteints de maladies neurologiques comme la sclérose en plaques, ou des blessés médullaires.
Ce sujet est encore un véritable tabou: ceux qui en souffrent en ont souvent honte et n'osent parfois pas en parler à un médecin. L'incontinence peut alors devenir un véritable handicap social : difficultés de scolarisation, exclusion de la vie professionnelle. Elle peut aussi précipiter l'entrée en maison de retraite des personnes âgées. Il existe pourtant des traitements, médicamenteux, chirurgicaux, et des méthodes de rééducation qui peuvent changer la vie des malades.
Après avoir reçu le rapport du Pr HAAB, Philippe Bas a annoncé plusieurs décisions, avec pour objectif de lever les tabous pesant sur cette maladie, de mieux la traiter et la prendre en charge, pour redonner espoir et vie sociale aux Français qui en sont atteints.
Le ministre a ainsi souhaité :
- Améliorer et harmoniser la prise en charge des protections absorbantes (palliatifs absorbants). Le ministre demande ainsi à la Haute Autorité de Santé de préciser les indications et les conditions de cette prise en charge, notamment pour que soient mis en œuvre chaque fois que c'est possible un traitement ou une rééducation. Un groupe de travail devra préciser les modalités de remboursement de ces dispositifs. Il entendra tous les acteurs concernés, notamment les fabricants, et devra tenir compte des prises en charge déjà existantes (Assurance maladie, Allocation personnalisée d'autonomie, Prestation de compensation du handicap). Les conclusions de ces travaux devront être rendues à l'automne 2007, et les procédures d'inscription au remboursement devront être ouvertes au plus tard au cours du 1er trimestre 2008.
- Ouvrir aux infirmières la possibilité de prescrire les dispositifs palliatifs de l'incontinence pris en charge par l'assurance maladie. Un arrêté listant les dispositifs que les infirmières sont habilitées à prescrire sera signé avant le 15 mai prochain.
- Inscrire le traitement de l'incontinence urinaire dans le programme de l'examen national classant des médecins, en accord avec François Goulard, ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche.
- Proposer aux conseils nationaux de la formation médicale continue de faire de l'incontinence urinaire un des thèmes de la formation continue des professionnels de santé.
- Initier la démarche de labellisation des centres de références pour la prise en charge de l'incontinence urinaire, en chargeant les sociétés savantes de l’élaboration d’un référentiel, préalable nécessaire à l’identification de ces centres de référence.
- Lancer une campagne d’information des patients sur le diagnostic et les possibilités de traitement de l'incontinence pour le premier trimestre 2008, L’Institut national de prévention et d’éducation à la santé sera chargé de la réalisation de cette campagne, en lien avec les sociétés savantes.
Pour rédiger ce rapport, François HAAB a consulté les associations de patients, les professionnels de santé concernés, notamment les médecins et kinésithérapeutes, et des représentants des administrations concernées.
Le rapport identifie plusieurs insuffisances dans la prise en charge :
- absence d'information du public sur ce qu'est l'incontinence urinaire, ses moyens de prévention et les solutions thérapeutiques
- insuffisance de formation initiale et continue des professionnels de santé
- difficulté d'identifier les structures et professionnels de santé, notamment médecins et kinésithérapeutes compétents
- absence de prise en charge des solutions palliatives absorbantes et de certains médicaments.
Il fait plusieurs recommandations pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'incontinence urinaire :
- Labelliser des centres de référence pour la prise en charge des incontinences urinaires complexes et des réseaux de rééducation périnéale
- Améliorer la formation initiale et continue des médecins sur l'incontinence urinaire et ses traitements
- Former des infirmières cliniciennes spécialisées dans la prise en charge de l'incontinence urinaire
- Améliorer la prise en charge médicamenteuse de l'incontinence urinaire, et celle des palliatifs absorbants
- Mettre en place des actions de prévention et d'éducation du public
- Mettre en place un plan d'action spécifique en milieu gériatrique, avec en particulier une formation des soignants et des médecins à la prévention, au dépistage précoce et à la prise en charge de ces troubles
- Encourager les travaux de recherche épidémiologique
- Mieux évaluer les techniques chirurgicales en favorisant les travaux de recherche clinique.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 07/05/2007
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue