En cas de cancer de la vessie, l’ablation de l’organe reste le traitement de référence. Dans la mesure du possible, le chirurgien optera pour la construction d’une néo-vessie. Immédiatement après l’intervention débute une phase de rééducation pour réapprendre à uriner. En début de parcours les fuites urinaires sont fréquentes, mais petit à petit le patient parviendra à normaliser la miction.
Vivre avec une néo-vessie, que faut-il savoir ?
L’ablation de la vessie est une intervention chirurgicale qui peut se révéler nécessaire afin d’éliminer le cancer de cet organe. Votre urologue vous proposera des alternatives, dont la reconstruction d’une néo-vessie. Vous devrez à nouveau tenter de maîtriser vos réflexes de miction. Comment réapprendre à uriner pour gérer le fonctionnement de ce nouvel organe et éviter les fuites urinaires ?
Mieux comprendre le mécanisme d’une néo-vessie
Avant tout, il est important de préciser qu’une néo-vessie n’est pas une vessie naturelle. En effet, la néo-vessie est constituée à partir d’un segment d’intestin, alors que la vessie naturelle est un muscle. En temps normal, le bon fonctionnement de l’appareil urinaire est assuré par les parties périphériques et centrales du système nerveux. L’innervation des parois de la vessie assure la coordination vésico-sphinctérienne. Cela implique notamment la sensation de plénitude de la vessie et la contraction du muscle vésical.
Avec l’ablation de la vessie, c’est aussi l’interaction entre le réservoir urinaire et le système nerveux qui est retirée. Les deux conséquences majeures sont l’impossibilité de contracter le réservoir urinaire et la perte de la sensation du besoin d’uriner.
C’est pourquoi, immédiatement après l’intervention débute une rééducation dont le but est d’apprendre à uriner autrement. Dans les premiers jours, vous serez accompagné par le personnel soignant qui vous expliquera les exercices de contraction musculaire à effectuer. Par la suite, vous devrez poursuivre vos efforts au quotidien en autonomie.
Conseils pour réapprendre à uriner avec une néo-vessie
La rééducation nécessite de la patience et de l’indulgence envers soi-même. En effet, l’expérience montre que les efforts réguliers sont récompensés dans la plupart des cas. Après 2 ans de rééducation, 80 % des patients parviennent à retenir leurs urines correctement, et on observe un espacement entre les mictions allant de 4 à 5 h.
On observe plusieurs temps dans l’apprentissage. Pendant le premier mois suivant l’opération, il est demandé au patient d’uriner toutes les 2 h, le temps que la capacité de la néo-vessie augmente. C’est surtout la nuit que ce rythme peut être contraignant avec la nécessité de programmer plusieurs réveils. Après 3 mois, la fréquence de miction est d’environ toutes les 4 h et il est possible de n’effectuer qu’un seul réveil par nuit.
Pendant toute la rééducation, il est important de rester à l’écoute de vos sensations pour limiter les fuites urinaires. Avec le temps, vous arriverez à mieux connaître l’état de remplissage de votre néo-vessie en prêtant attention à la sensation de pesanteur, aux ballonnements et aux tensions au niveau de l’abdomen.
Les solutions adaptées aux fuites urinaires
Pour mieux vivre votre période de rééducation et faire face aux fuites urinaires qui se présentent (surtout le premier mois), plusieurs solutions existent. Pour les hommes, l’étui pénien est souvent l’option privilégiée. La taille de la poche de recueil peut être facilement adaptée au fil des semaines. De manière générale, opter pour une protection est souvent un passage difficile, c’est pourquoi des solutions discrètes sont proposées pour favoriser un retour à l’autonomie en toute sécurité pour le quotidien du patient.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 15/05/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue