Dans le cadre de la rééducation périnéale, le stop-pipi est une pratique visant à retenir volontairement l’urine pendant la miction puis de recommencer à uriner juste après. L’objectif est de remuscler le plancher pelvien. Bien que la méthode paraisse efficace pour limiter les risques d’incontinence après une grossesse, elle peut être à l’origine d’infections et de fuites urinaires après l’accouchement.
Le stop-pipi, une méthode qui fait débat
Le stop-pipi est une pratique de rééducation périnéale datant des années 1980. Elle vise à prévenir l’incontinence qui peut survenir chez la femme après une grossesse. Le but de cette méthode est de remuscler le périnée pour éviter les fuites urinaires après l’accouchement, et ce, en stoppant volontairement la miction sans vider totalement la vessie. Mais cet exercice n’est pas sans danger.
En quoi consiste la technique du stop-pipi ?
Lorsque la femme va aux toilettes, son périnée se relâche pour laisser couler l’urine de la vessie à l’urètre. Si elle contracte son périnée, elle est en mesure de bloquer le passage de l’urine. Cette contraction a servi de fondement à la technique du stop-pipi. Celle-ci vise à remuscler le plancher pelvien après l’accouchement.
Suite à une grossesse, les muscles du plancher pelvien s’affaiblissent et se relâchent. Le périnée ne joue plus totalement son rôle de contrôle du sphincter urétral, pouvant ainsi provoquer des fuites urinaires. Les exercices de rééducation périnéale dont le stop-pipi fait partie visent à aider le périnée à retrouver ses capacités.
Cette méthode est préconisée dans le cadre de la rééducation périnéale en maternité, et ce, depuis plus de 40 ans. Les mamans ayant expérimenté cette technique conseillent donc à leur tour naturellement le stop-pipi à leurs amies souhaitant accoucher par voie basse.
Quels sont les risques du stop-pipi en rééducation périnéale ?
Ce n’est que récemment que le corps médical s’est rendu compte que le stop-pipi n’était pas une méthode optimale pour remuscler le plancher pelvien. Trop d’exercices répétés de cette technique semblent dérégler totalement la mécanique du fonctionnement de la vessie.
En pratiquant le stop-pipi, le muscle du plancher pelvien se contracte et empêche la vessie de se vider complètement. Le reste de l’urine stocké dans la vessie et dans l’urètre devient un facteur important dans la prolifération des bactéries pathogènes à l’origine des infections urinaires.
De plus, en voulant évacuer le reste de l’urine alors que le périnée est contracté, la pression est mise sur les abdominaux. Cette pression s’exerce sur la vessie et la pousse dans une mauvaise direction qui peut entraîner un prolapsus, à savoir un effondrement du plancher pelvien.
Les alternatives pour éviter l’incontinence et les fuites après la grossesse
Pour muscler votre périnée après l’accouchement sans danger, il existe des exercices de rééducation pratiques et sûrs comme la méthode du médecin Bernadette de Gasquet. Celle-ci allie yoga, étirements et musculation. Par exemple :
- Asseyez-vous sur une chaise, le dos bien droit
- Contractez votre périnée 5 secondes comme si vous reteniez une envie d’uriner
• Relâchez pendant 10 secondes
• Effectuez cet exercice 10 fois de suite pour un résultat optimal.
Pensez à vous créer des habitudes de pratique au réveil, au coucher ou dès que vous vous asseyez. Ça finira par devenir un réflexe. D’autres alternatives comme les exercices de Kegel vous aideront à travailler sur votre plancher pelvien de manière sûre et efficace.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 15/06/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue