Parce que les fuites urinaires représentent un vrai désagrément dans le quotidien de bien des personnes, il ne s’agit point ici de « grossophobie », mais d’un désir d’aider à comprendre les liens existants entre obésité et incontinence. L’explication permet une meilleure prise en charge des symptômes, évite la culpabilisation et traite l’excès de poids en améliorant l’hygiène de vie.
L’obésité, un facteur d’incontinence ?
L’incontinence urinaire est un trouble complexe qui peut être causé par plusieurs facteurs tels que l'âge, la pratique intensive du sport, les maladies, etc. Mais quel est l’impact de l’obésité sur ce trouble ? Existe-t-il des liens entre les fuites urinaires et un excès de poids ? Dans quelle mesure l’amélioration de son hygiène de vie permet de réduire les symptômes de l’incontinence urinaire ?
Le nécessaire bilan médical pour évaluer l’obésité
En cas de surpoids, un bilan médical est nécessaire pour évaluer l'obésité à travers le calcul de l'Indice de Masse Corporelle (IMC) et la mesure du tour de taille.
L'IMC est un indicateur qui permet d'estimer la corpulence d'une personne. L'Organisation Mondiale de la Santé recommande d'utiliser cet indice comme évaluation des risques de surpoids. Pour le calculer, divisez votre poids (en kg) par le carré de votre taille (en mètre). Vous pouvez trouver de nombreux simulateurs en ligne.
L’IMC énumère des catégories de corpulences. Par exemple, une femme de 1,63 m pesant 55 kg est classée dans « corpulence normale » (IMC = 20,7).
Voici les proportions qui la concernent :
- Obésité morbide : plus de 106 kg
- Obésité sévère : 93 à 106 kg
- Obésité modérée : 80 à 93 kg
- Surpoids : 66 à 80 kg
- Corpulence normale : 49 à 66 kg
- Maigreur : 44 à 49 kg
La mesure du tour de taille peut indiquer que vous êtes en surpoids et donc à risque de développer une incontinence. Cette mesure indique l'excès de graisse abdominale. Si votre tour de taille est supérieur ou égal à 80 cm pour une femme et 94 cm pour un homme, vous êtes alors en surpoids et susceptible de développer un diabète, du cholestérol voire des maladies cardiovasculaires.
Outre ces risques, l'excès de poids peut entraîner de l'incontinence.
Pourquoi l’obésité provoque-t-elle l’incontinence ?
Seule l’obésité sévère (IMC > 35) entretient un lien avéré avec l’incontinence : elle multiplie par cinq le risque de fuites urinaires. L’obésité modérée (IMC > 30) aggrave les symptômes. De même, le surpoids ou la prise de kilos trop rapide peuvent accroître le risque d’incontinence.
La prise de poids provoque une incontinence d’effort et une incontinence « mixte ». Le poids de l’abdomen fait pression sur les muscles du périnée qui s’affaiblissent progressivement. La pression sur la vessie accentue l’envie d’uriner qui devient plus fréquente. De plus, l’obésité est fréquemment liée au diabète : la chronicité d’un taux élevé de glycémie entraîne une augmentation du volume d’urine.
Pour autant, il est possible d’atténuer, voire de faire disparaître les symptômes à force de patience et d’une méthode adaptée.
Réduire l’obésité pour diminuer les symptômes de l’incontinence
En cas d’incontinence, la perte de poids est un objectif intéressant pour réduire les fuites urinaires.
Cependant, les régimes restrictifs ne sont pas toujours la solution la plus efficace et peuvent même entraîner une perte de motivation.
Quelques actions de bon sens peuvent déjà faire la différence :
- Consulter un spécialiste : la prise en charge de l'obésité doit être globale et requiert l'avis de professionnels tels que des nutritionnistes, des endocrinologues, des diététiciens ou des psychologues
- Garder la notion de plaisir : manger de tout en appréciant le goût des aliments
- Équilibrer les repas : inclure systématiquement des légumineuses (haricots blancs, pois chiche, lentilles) et des légumes ainsi qu'une portion de protéines coupe-faim. Les légumineuses peuvent être remplacées par des céréales ou du riz complet.
Modifier son hygiène de vie
Pour obtenir des résultats durables, il est important de modifier non seulement son alimentation, mais également son hygiène de vie. En plus d'un rééquilibrage alimentaire, l'activité physique doit être intégrée dans la routine quotidienne en gardant en tête deux objectifs :
- Renforcer les muscles du périnée sous la supervision d'un kinésithérapeute
- Reprendre l'activité physique progressivement : vélo, natation, exercices doux en salle avec un coach, marche. Il est conseillé de commencer par des séances de 10 minutes et d'augmenter progressivement leur durée.
En suivant ces conseils, la perte de poids se fera de manière progressive et en douceur, permettant au corps de s'autoréguler. Les symptômes de l'incontinence diminueront, améliorant ainsi la qualité de vie et le moral.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 24/08/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue