Si les traitements de première intention ne se révèlent pas efficaces, il existe, dans la lutte contre l’incontinence fécale l’alternative de la neuromodulation sacrée. Cette thérapie par électrodes implantées sur les nerfs sacrés permettrait de réduire les symptômes, voire de les faire disparaître. Quels sont les risques ou contre-indications liés à cette méthode ? On vous explique tout dans l’article.
Zoom sur la neuromodulation sacrée
La neuromodulation sacrée est une thérapie envisagée dans le cadre de la lutte contre l’incontinence fécale, lorsque les traitements de première intention ont échoué. Relié aux nerfs sacrés, un dispositif distribuant du courant électrique est implanté sous la peau, tout en laissant le contrôle au patient grâce à une télécommande externe. Comment ce système fonctionne-t-il et quels sont les risques ? Explications dans l’article.
Comment fonctionne la neuromodulation sacrée ?
La neuromodulation sacrée est un traitement consistant à stimuler électriquement, à l’aide d’une électrode sous-cutanée, les nerfs sacrés. Ces nerfs, directement reliés depuis la moelle épinière au plancher pelvien, ont une fonction de contrôle de la continence urinaire et fécale.
Lorsque la fonction de continence est altérée et que les traitements médicaux ou la rééducation n’ont pas prouvé leur efficacité, le médecin peut envisager la neuromodulation.
A l’aide d’électrodes placées sous la peau, les nerfs sacrés vont être stimulés par de petites impulsions électriques jusqu’au sphincter anal. Le muscle du sphincter retrouve peu à peu ses capacités de contraction et le patient le contrôle de sa continence fécale.
L’implantation s’effectue sous anesthésie lors d’une chirurgie ambulatoire. Une phase de test d’environ 2 ou 3 semaines est nécessaire pour régler l’intensité des impulsions et vérifier l’efficacité du dispositif. Pendant cette période, le patient est équipé d’un boîtier externe d’alimentation et de contrôle.
Avant de procéder à l’implantation du dispositif, un calendrier de continence est tenu par le patient, recensant les épisodes de fuites et d’urgenturie. Ce calendrier servira de référence lors de la phase de test, au cours de laquelle le patient tiendra le même calendrier, afin de mesurer les bénéfices du traitement. Si le test se révèle concluant, le boîtier définitif, de très petite taille, sera implanté sous la peau et invisible.
Contre-indications et risques de la thérapie
La neuromodulation sacrée est un traitement modulable et réversible. Il existe cependant des contre-indications à son implantation :
- Incontinence anale aux gaz : la neuromodulation sacrée n’est pas efficace dans ce cas.
- Maladie neurologique : outre la nécessité pour le patient de comprendre le fonctionnement du dispositif, certaines maladies comme la sclérose en plaque sont incompatibles avec le traitement.
- Grossesse : les effets de la neuromodulation sont encore inconnus sur le fœtus.
- Sphincter anal trop endommagé : le sphincter ne doit pas présenter de lésions.
- Destruction ou lésion des nerfs sacrés : la neuromodulation ne peut être efficace si les nerfs sont trop endommagés.
- Anomalie anatomique rendant impossible la pose du boîtier.
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
Outre les risques postopératoires pouvant survenir après une intervention chirurgicale, le patient peut souffrir d’autres types d’inconvénients :
- Douleurs localisées
- Stimulation électrique gênante
- Déplacement de l’électrode
- Infection du site de l’implantation
- Interférences avec d’autres stimulateurs précédemment implantés.
La plupart de ces complications n’entraînent cependant pas nécessairement l’ablation du boîtier et se traitent comme des suites opératoires classiques.
La vie pendant et après la mise en place de la thérapie
Durant la période de test, le dispositif externe de contrôle ne devra pas entrer en contact avec l’eau et il est conseillé de limiter le sport.
Après l’implantation du dispositif définitif, il sera nécessaire d’informer de sa présence les professionnels de santé que vous seriez amené à consulter. Aucune restriction particulière ne sera à observer par la suite.
La batterie du matériel a une durée de vie d’environ 4 à 7 ans, selon l’utilisation, et se remplace lors d’une courte intervention.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 05/07/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue