28 % des femmes sportives,athlètes ou non, souffrent d’incontinence urinaire. Mais parmi elles, peu en parlent, que ce soit à leur entraîneur ou à leur médecin. Les fuitessont un sujet tabou,en raison d’une trop grandepudeur, ou parce qu’elles sont souvent associées à une perte d’autonomie honteuse, alors qu’une prise en charge adaptée est possible et simple.
Des femmes sportives gênées par leur incontinence
On a longtemps considéré que l’incontinence concernait plutôt les femmes après la ménopause, mais actuellement 20 à 30 % d’entre elles sont déjà touchées bien plus jeunes.
L’incontinence urinaire d’effort apparaît lorsque la pression vésicale est plus importante que la capacité sphinctérienne durant un exercice musculaire. Cette hyperpression intra-abdominale est plus présente chez les femmes pratiquant un sport et peut finir par créer un déséquilibre entre une sangle abdominale trop puissante et un périnée insuffisamment musclé.
Toutes les femmes dont le périnée manque de tonicité peuvent être touchées par une incontinence urinaire, peu importe l’activité physique pratiquée. Ce trouble concerne tous les niveaux d’activité, que ce soit une pratique occasionnelle, comme la joggeuse du dimanche ou une pratique plus intensive comme le font les athlètes. A ce jour, 22 à 26 % des sportives de haut niveau sont concernées par ce trouble.
Le risque augmente pour les sports comportant de nombreux impacts au sol comme le volley, le handball, le tennis, le basket ou encore la course à pied.
Le sport se révèle être une situation à risque pour développer une incontinence sans pour autant en être la vraie cause. Après des entraînements à répétition de longue durée ou durant des compétitions, l’incontinence peut davantage apparaître.
L’incontinence urinaire est encore tabou pour les sportifs
Les sportives n’osent que rarement parler de leur incontinence urinaire. Le sujet est encore plus tabou dans les sports à haut niveau, un univers souvent trop virilisé et tourné vers la performance.
Ces troubles donnent une mauvaise image, souvent associée une faiblesse, une perte d’autonomie, qui est contraire au monde des prouesses sportives.
Les entraîneurs ne sont pas toujours très à l’écoute de ce type de problème, encore moins les dirigeants, qui ne font pas de ce trouble une priorité. La prise en charge pouvant être faite selon eux après la carrière sportive. Dans l’immédiat, les performances restent leur seul objectif. Ainsi, on considère encore, malheureusement que la majorité des femmes sportives atteintes sont gênées d’exprimer leur problème d’incontinence.
Des solutions pour lutter contre l’incontinence urinaire
Les fuites urinaires peuvent mener certaines femmes à cesser leur activité sportive. Et pourtant des solutions existent. L’information est nécessaire sur les options préventives ou les possibilités de prise en charge.
Une kinésithérapie globale peut être mise en place, de manière adaptée à chaque patient. La rééducation avec des exercices favorisant l’élasticité et la résistance du périnée peut réduire tout autant les risques. Les sportives ont la possibilité d’opter pour des protections anatomiques adaptées et confortables, ne nuisant en rien à leurs performances.
De nouvelles procédures de préparation physique doivent être envisagées. Il faut encourager les personnes souffrant d’incontinence à en parler à leur médecin et à éviter certaines pratiques comme la contraction des muscles abdominaux en raccourcissement (chez les boxeurs notamment) ou le stop-pipi (méthode qui consiste à arrêter la miction avant d’avoir complètement vidé sa vessie) à répétition.
On peut privilégier des techniques de musculation différentes qui diminuent l’hyperpression abdominale. Il faudrait agir également contre les problèmes de constipation lorsqu’ils se présentent.
L’information et la prévention sont les premiers véritables remèdes pour que les femmes n’aient plus à se cacher et ne prennent pas de mauvaises décisions.
Les mentalités changent parmi les athlètes par rapport aux problèmes de fuites
On constate que les mentalités changent doucement, serait-ce enfin la fin du tabou ? Des entraîneurs commencent à adapter leurs méthodes, les rééducateurs suivent des formations spécifiques à ce problème.
A haut niveau, les instances nationales sensibilisent le monde du sport à ce problème, comme la fédération française de tennis qui souhaite que des responsables régionaux fassent de la prévention à ce sujet auprès des femmes.
Informer, prévenir et traiter l’incontinence urinaire diminuera les abandons de la pratique sportive liés à ces troubles et inciteront les femmes à sortir aussi vite de cette difficulté que de leur silence.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 22/10/2018
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue