Il arrive que certaines personnes souffrant de troubles de la continence observent les manifestations de l’escarre sur leur corps : rougeurs, plaies, nécroses des tissus cellulaires… Pourtant, il s’agit d’une affection qui touche généralement les personnes ayant une mobilité réduite. Alors, ces lésions cutanées sont-elles une autre conséquence de l’incontinence ? Quelle relation cela crée entre l’incontinence et les escarres et comment cela se passe ?
L’escarre peut-elle être liée à l’incontinence ?
L’escarre est une affection cutanée qui touche très souvent les personnes à mobilité réduite : personnes alitées ou qui restent trop longtemps immobiles. Cependant, il arrive que certaines personnes souffrant de troubles de la continence développent cette affection. Ces lésions cutanées seraient-elles une autre conséquence de l’incontinence ? Quelle est la relation entre les deux ?
Qu’est-ce que l’escarre et quelles sont ses causes ?
L’état de votre peau est conditionné à un apport continu et régulier en oxygène et en nutriments. Lorsque le sang, censé apporter tous ces éléments vitaux, ne passe plus dans les cellules épidermiques d’une zone de votre corps, cette partie rougit. Lorsqu’elle n’est pas vite prise en charge, cette lésion cutanée évolue :
- Vers une ulcération superficielle, au stade 2
- Puis vers une plaie atteignant les tissus sous-cutanés, au stade 3
- Puis vers un endommagement de toute l’épaisseur épidermique, avec une nécrose des os, muscles, articulations… de cet endroit, au stade 4.
Les lésions cutanées qui caractérisent l’escarre peuvent être causées par une forte pression exercée sur la partie touchée, empêchant une irrigation sanguine qualitative. Elles peuvent être aussi liées à un cisaillement, un frottement de la peau contre une surface dure ou une forte humidité qui favorise la macération de la peau.
Incontinence et escarre, quel est le lien ?
La peau est également constituée d’une couche appelée film hydrolipidique, dont le pH acide lui permet d’assurer son rôle : empêcher que l’organisme subisse des agressions d’éléments extérieurs comme des bactéries.
Lorsque vous souffrez d’incontinence urinaire et que l’urine est constamment en contact avec votre peau, votre défense épidermique s’affaiblit continuellement. Au contact de l’air et des bactéries, l’urine produit de l’ammoniaque, un élément chimique avec un pH fortement basique. C’est ce produit qui va réduire le niveau d’acidité du film hydrolipidique : votre peau devient donc plus fragile et vulnérable aux attaques cutanées. De plus, l’humidité permanente entraîne la macération de la peau. Les frottements et cisaillements accidentels du quotidien qui n’avaient aucune incidence peuvent causer de graves dommages à votre épiderme : des plaies, des plis sur votre peau, empêchant ainsi que le sang irrigue vos cellules. L’incontinence fécale produit le même effet. Les enzymes digestives contenues dans les selles vont modifier la structure de votre défense cutanée et constamment l’agresser.
De même, lorsque les protections utilisées pour vivre avec l’incontinence n’ont pas une excellente aération, elles entraînent l’apparition de dermites qui conduisent à l’escarre si elles ne sont pas vite traitées. Les protections peuvent également créer des frottements avec la peau déjà fragilisée par l’humidité excessive.
Attention aux personnes à mobilité réduite souffrant de troubles de la continence !
Les personnes à mobilité réduite souffrant d’incontinence présentent un double risque face à l’escarre. Elles restent longtemps dans la même position puisqu’elles ne peuvent pas bouger : le poids du corps n’est plus réparti uniformément et se retrouve concentré à un seul endroit. Sous le poids du corps, la peau finit par être comprimée, empêchant ainsi la circulation du sang. De plus, leur mobilité réduite les oblige à devoir porter constamment des protections qui, lorsqu’elles restent longtemps, exposent la peau à une forte humidité et aux éléments qui affaiblissent la protection épidermique.
Il est donc important d’adopter certains gestes comme changer régulièrement les protections afin de les garder le maximum possible au sec. Il est également important de faire changer régulièrement de position à la personne en situation de handicap afin d’empêcher que le poids du corps bloque la circulation sanguine dans les cellules cutanées.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 03/04/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue