En France, 3,5 millions de personnes de plus de 65 ans consommeraient chroniquement des somnifèrespour lutter contre l’insomnie. Or si recourir temporairement à des hypnosédatifspeut être une bonne idée, les prendre à long terme s’avère particulièrement dangereux pour la santédes seniors.
Connaissez-vous tous les effets secondaires des somnifères ?
L’idée d’être dépendant aux somnifères inquiète souvent peu les seniors. Après tout, cet effet secondaire leur semble préférable aux nuits perturbées. Malheureusement, les plus de 65 ans méconnaissent les autres répercussions potentielles des hypnosédatifs sur leur santé parfois fragilisée.
Êtes-vous sûr d’avoir besoin de somnifères ?
Après 65 ans, 7 à 8 heures suffisent à l’organisme pour se reposer. Néanmoins, la qualité du sommeil évolue. Les nuits sont plus courtes, l’endormissement plus long, les réveils nocturnes plus fréquents, le sommeil moins profond et moins réparateur. L’horloge biologique elle-même a tendance à se modifier : le coucher se fait souvent plus tôt, entraînant un réveil également plus précoce.
Mais seuls 10 à 20 % de seniors souffrent réellement d’insomnie (troubles du sommeil se manifestant plus de 3 fois par semaine, et sur une période d’au moins 3 mois). Et seuls ces cas finalement relativement rares devraient être traités par somnifères, ponctuellement et sur une courte durée. En aucun cas, la prise de médicaments ne doit devenir chronique.
Identifiez l’origine des troubles du sommeil après 65 ans
De nombreux seniors se plaignent de troubles du sommeil, mais leur origine diffère souvent. Or la première étape de leur prise en charge consiste à identifier les causes réelles de ces nuits perturbées :
- Certains seniors subissent l’effet secondaire de médicaments prescrits pour d’autres pathologies (stimulants, antidépresseurs, corticoïdes, antiasthmatiques, certains bêtabloquants…)
- Certains troubles du sommeil résultent d’une autre pathologie : apnées du sommeil, insuffisance cardiaque ou respiratoire, syndrome des jambes sans repos…
- Lorsque les causes physiologiques sont écartées, la piste psychologique doit être envisagée - déprime, dépression, angoisse… - et traitée comme telle.
Voici quels sont les effets secondaires potentiels des somnifères
Outre la dépendance, c’est l’efficacité même du traitement qui pose problème. Les somnifères ne sont conseillés que pour aider les patients lors d’une phase aiguë de troubles. Après 4 semaines, le corps s’habitue à l’action des benzodiazépines ou des antihistaminiques, 2 familles de « somnifères » couramment prescrits. Leurs effets diminuent, et l’augmentation des doses n’y change rien. Il n’y a plus qu’une aggravation des effets secondaires.
Or les seniors sont les plus vulnérables, notamment parce que leur organisme élimine plus lentement les substances actives des somnifères. Les propriétés recherchées – anxiolytiques, sédatives, amnésiantes, myorelaxantes (détente musculaire)… – se transforment en effets secondaires particulièrement dangereux : somnolences diurnes, difficultés d’attention, problèmes de mémorisation, états confusionnels, troubles cognitifs, risques de chute accrus. De récentes études mettent aussi en évidence le lien entre somnifères et démence.
Dans de rares cas, les benzodiazépines agissent sur le comportement et l’humeur des personnes, suscitant une nervosité accrue ou des épisodes de somnambulisme, des accès de colère, parfois violents, des idées délirantes... Si ces effets secondaires restent rares, ils concernent les somnifères les plus couramment utilisés.
Seniors, retrouvez un sommeil apaisé sans médicaments
Quelques recommandations simples suffisent parfois à lutter contre des troubles du sommeil : des habitudes de vie régulières et saines, une activité physique quotidienne et des rituels de sommeil sans excitant. Et pourquoi pas, la pratique de thérapies non médicamenteuses : relaxation, yoga, sophrologie, méditation….
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 18/02/2019
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue