Que ce soit au moment de l’apprentissage de la continence, à l’école ou plus tard à l’adolescence, de nombreux enfants se retiennent d’aller aux toilettes. Outre les désagréments comme la difficulté à se concentrer ou la honte ressentie lors d’un accident en public, se retenir d’uriner ou d’aller à la selle peut présenter des risques non négligeables pour leur santé.
Quand les enfants se retiennent, il y a des conséquences sur leur santé
Toilettes sales, manque d’intimité, harcèlement, absence de papier toilette, interdiction de sortie pendant les cours, bien des raisons expliquent pourquoi les enfants se retiennent d’aller aux toilettes lorsqu’ils sont à l’école. Mais à agir ainsi, ils risquent plus que des désagréments. En effet, si le besoin d’uriner ou d’aller à la selle n’est pas satisfait, les risques pour la santé peuvent être conséquents.
Quels sont les risques pour la vessie et les reins ?
Avant d’arriver dans la vessie, l’urine est produite par les reins à partir de la filtration de l’eau et des déchets contenus dans le sang. Elle est acheminée vers la vessie à travers les uretères, deux petits canaux. Chez les enfants, ce sont 200 à 250 ml de liquide qui peuvent y être contenus avant évacuation.
La vessie reste fermée grâce à la contraction de deux muscles, le sphincter interne et le sphincter externe. L’envie de faire pipi se manifeste quand la pression à l’intérieur de la vessie augmente, activant les tensio récepteurs qui signalent alors au cerveau la nécessité de la vider. Si les signaux ne sont pas écoutés et que l’enfant se retient d’aller uriner, les muscles peuvent finir par se relâcher eux-mêmes sous l’effet de la pression, provoquant l’évacuation de l’urine involontairement.
En dehors de l’affaiblissement des muscles provoqué par le blocage régulier de la miction pouvant créer à terme de l’incontinence, un autre risque pour la vessie existe.
L’urine est stérile, mais les bactéries fécales présentes sur la peau au bord de l’urètre peuvent parfois remonter le canal et se loger dans la vessie. Plus le temps entre les mictions est important et plus le risque que des bactéries colonisent la vessie et provoquent une infection augmente. La cystite simple, bien que désagréable, peut facilement être traitée, mais peut aussi entraîner des complications et remonter dans les reins, provoquant alors une pyélonéphrite.
Quels sont les risques pour le colon et les intestins ?
Selon les personnes, la fréquence d’évacuation moyenne des selles est de 3 fois par jour à 3 fois par semaine. C’est la contraction régulière du colon qui déplace les selles à l’intérieur des intestins vers le rectum. Il peut arriver que le stress ou un défaut d’apport en fibres vienne perturber ce rythme et créer de la constipation.
Se retenir trop longtemps bien que l’envie d’évacuer soit présente peut là aussi engendrer de la constipation. Outre les douleurs et désagréments de la constipation, cette condition peut s’aggraver jusqu’à créer un fécalome, symptôme de l’encoprésie. Ce trouble généralement fonctionnel nécessite de consulter un médecin qui pourra orienter les parents et l’enfant dans le processus de soins. Si rien n’est fait en cas d’encoprésie, une complication grave peut se développer : l’occlusion intestinale.
Par ailleurs, se retenir d’aller à la selle régulièrement finit par affaiblir le sphincter lisse et laisser échapper des selles lorsque l’attention de l’enfant se relâche.
Comment les aider à uriner ou aller à la selle plus régulièrement ?
Certains enfants vivent un blocage vis-à-vis de l’évacuation des déchets du corps et éprouvent des difficultés à aller aux toilettes. Dans ce cas, il peut être intéressant de leur présenter des livres, vidéos ou mannequins expliquant les mécanismes liés à l’alimentation et la digestion. Ceci pour les rassurer sur les fonctions naturelles de leur corps.
S’ils se retiennent à cause de douleurs ou de gêne lors de la miction ou l’évacuation des selles, il faut alors augmenter leur consommation d’eau et d’aliments riches en fibres.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
Le comité scientifique de Sphère-Santé a pour rôle de définir la ligne éditoriale des rubriques L'incontinence" et Les solutions. Les autres rubriques du site sont sous la responsabilité exclusive de Sphère-Santé.
Date de publication : 17/06/2019
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue