La cause d’une urgenturie n’est pas toujours identifiable. Souvent soupçonné, le rôle déclencheur d’une infection urinaire a fait l’objet de recherches poussées par une équipe de l’Oregon Health and Science University. Les conclusions publiées récemment soulignent aussi l’influence des bactéries sur l’incontinence résidant dans les reins, la vessie, l’urètre et les uretères lorsque la diversité du microbiome est trop faible.
Comment la diversité de vos bactéries vous protège contre l’incontinence
Au terme d’une recherche menée sur le rôle des bactéries dans le développement d’une incontinence, une équipe médicale américaine a obtenu des résultats très étonnants. Lorsqu’elles sont trop peu variées, les colonies de germes présentes naturellement dans les voies urinaires peuvent engendrer une infection susceptible de dégénérer en urgenturie ! Une cause de pollakiurie et de nycturie largement négligée par la littérature scientifique jusqu’à présent...
L’explication incroyable de certaines formes d’incontinence urinaire
L’étude menée sous l’égide de Lisa Karstens, Mark Asquith, Patrick Stauffer et Sean Davin s’est intéressée à l’influence des bactéries localisées tout le long de l’appareil urinaire sur l’urgenturie. Des prélèvements d’urine ont été régulièrement effectués par cathéter sur un échantillon de 20 patientes âgées de 40 à 70 ans. Ils ont ensuite fait l’objet d’une amplification en chaîne par polymérase (PCR) pour détecter les traces d’ADN microbien. Celles-ci ont subi un séquençage pour identifier précisément les différentes souches bactériennes présentes. La comparaison avec un groupe-témoin sain a mis en évidence le lien entre faible diversité du microbiome et gravité de la pathologie. Comme dans le syndrome du côlon irritable ou l’obésité, plus la flore bactérienne est variée, plus les atteintes de la maladie restent légères.
Publiés en juillet 2016 dans le journal scientifique « Frontiers in Cellular and Infection Microbiology », ces travaux portent aussi un coup fatal à la thèse - partagée par quasiment tous les spécialistes - d’un appareil urinaire stérile. Ce dernier se voyait jusqu’alors posé comme insensible aux actions de ses différentes colonies de bactéries résidentes et capable de les réguler parfaitement. Cette croyance s’appuyait notamment sur l’impossibilité de cultiver durablement en laboratoire ces micro-organismes dans des échantillons d’urine. Par conséquent, seule une contamination microbienne d’origine externe (résultant d’une cystite, d’une infection sexuellement transmissible...) était considérée comme un élément déclencheur de l’incontinence.
Voici l’incontinence la plus difficile à vivre au quotidien
Ces résultats révolutionnaires devraient favoriser le lancement d’une nouvelle étude dans les prochains mois. L’objectif consistera alors à identifier de manière précise les mécanismes de dérèglement du microbiome responsables de l’urgenturie. À moyen terme, il s’agira aussi de compléter et d’améliorer les outils de diagnostic existants afin d’aider les professionnels de santé à mieux soigner une pathologie qui touche 2 millions de personnes en France.
Encore largement taboue, la maladie se distingue par une brusque envie d’uriner, impossible à différer, qui se conclut très fréquemment par des fuites. Lié à une hyperactivité involontaire de la vessie, ce type d’épisode peut se répéter jusqu’à une dizaine de fois par jour.
Non traitée, l’urgenturie se révèle particulièrement difficile à concilier avec les contraintes de la vie quotidienne. Elle entraîne par conséquent une nette diminution par les patients de leurs activités professionnelles et de leurs relations sociales, accentuant fortement leur risque d’isolement. Elle peut aussi s’accompagner de troubles du sommeil et de phénomènes de perturbations émotionnelles.
Découvrez pourquoi l’urgenturie peut être le symptôme de maladies graves
Dans certains cas, l’incontinence par urgenturie constitue le tout premier symptôme d’une maladie grave touchant le système nerveux (sclérose en plaques, Parkinson, accident vasculaire cérébral, traumatisme de la colonne vertébrale...). Il est donc essentiel de consulter rapidement votre médecin généraliste ou un urologue dès l’apparition de ces fuites irrépressibles.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 06/02/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue