Un dispositif de répit pour les aidants familiaux devrait être expérimenté grâce au projet de loi « pour un État au service d’une société de confiance ». Inspiré du baluchonnage existant au Canada, le relayage, terme choisi par la France, permettrait à un professionnel de remplacer pour quelques jours la personne ressource au domicile même du proche à soutenir.
Découvrez le projet de loi qui encadre ce droit au répit des aidants familiaux
Si la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement de 2015 avait accordé un statut aux aidants familiaux, restait encore à entendre leurs difficultés quotidiennes et leur droit au répit. Un projet de loi pourrait y répondre grâce à un dispositif calqué sur le baluchonnage canadien, le relayage. Concrètement ? Un professionnel remplace l’aidant au domicile du proche âgé pour lui permettre de s’éloigner quelque temps.
Comment s’organiserait le « baluchonnage » à la française ?
Le principe du relayage est de créer des conditions optimales pour permettre à l’aidant familial de souffler quelques jours, et à la personne aidée de conserver son cadre de vie coutumier. Ce principe s’adresse particulièrement aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, sensibles aux changements de lieux et d’habitudes.
Le relayage constitue une solution idéale pour l’aidant : il peut profiter de quelques jours de vacances l’esprit serein. Il sait que les repères de son proche sont respectés, ainsi que son rythme et ses habitudes.
Le relayeur, professionnel, s’informe préalablement des habitudes et des besoins de la personne dépendante. Le moment venu, il s’installe au domicile de l’aidé pour prendre le relais. Formé aux difficultés liées à la dépendance, il sait répondre aux différentes situations rencontrées.
Voici ce que peuvent attendre les aidants familiaux de cette loi
Le projet de loi, bien évidemment, tente d’encadrer les conditions de cet accompagnement à domicile, et prévoit une période d’expérimentation dans 3 départements pilotes. Les modalités ne sont pas encore toutes définies, même si certaines préconisations ont été faites dans le rapport remis à la secrétaire d’État chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie.
- Le relayeur doit être un véritable professionnel formé aux difficultés des personnes dépendantes, et soutenu par une structure reconnue, association ou établissement, qui l’accompagne.
- Le relayeur est un intervenant unique : pour créer une relation de confiance avec l’aidant et surtout l’aidé, il ne peut s’agir d’une équipe d’aidants professionnels. C’est aussi pour cette raison que le temps d’intervention préconisé est d’au moins 36 heures.
- Les soins à domicile continuent à être prodigués par les professionnels de santé habituels : le relayeur ne remplace ni infirmier ni kinésithérapeute…
- Le temps d’intervention et les financements (Apa ?) sont encore à définir, et devraient s’affiner grâce aux expérimentations réalisées.
- Le projet de loi donne également un cadre légal à ce type de salariat qui déroge au Code du travail. Il impose ainsi le volontariat et une limite d’intervention de 94 jours par an.
Le relayage, une solution face à la pénurie de structures d’accueil permanent ?
Le dispositif de « baluchonnage » existe depuis 19 ans déjà au Québec. Le rapport de Mme Huillier, députée de l’Isère, s’en inspire largement pour faire ses diverses recommandations auprès des pouvoirs publics. Rappelons également que 12 millions de Français auront plus de 75 ans en 2060, et que la France souffre d’un grand retard dans la prise en charge de la grande vieillesse.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 26/03/2018
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