L’Association française d’urologie (AFU) appelle les professionnels et les patientes à faire preuve de vigilance avant de recourir à une nouvelle technique laser contre l’incontinence urinaire. Lors de leur dernier congrès annuel, les urologues ont dénoncé le manque de recul quant à son efficacité et son innocuité. Cette technique ne bénéficie pour l’instant d’aucune évaluation concluante concernant ses dangers potentiels sur le vagin à long terme.
Découvrez quelle technique laser se trouve au centre des polémiques
Utilisé jusqu’à présent en médecine esthétique ou en gynécologie, le laser vaginal a trouvé depuis peu une application en urologie pour traiter l’incontinence d’effort ou l’hyperactivité vésicale. Or, les premiers résultats sur le plan de la dynamique urinaire semblent contradictoires. L’AFU appelle de ses vœux des études plus solides sur le long terme, notamment pour déterminer si le laser est sans danger. En attendant de pouvoir trancher, la vigilance s’impose.
Les secrets du laser au CO2 : des promesses purement commerciales ?
C’est au cours de son dernier congrès en novembre 2016 que l’Association française d’urologie a mis en garde médecins généralistes, gynécologues et urologues contre les sirènes commerciales du laser au CO2 pour traiter l’incontinence urinaire, alors qu’il n’existe aucune évaluation scientifique concluante sur ses effets.
Le laser au CO2 n’est pas une technique totalement inconnue. Elle semble avoir trouvé sa place en gynécologie et médecine esthétique pour rajeunir le vagin ou lutter contre la sécheresse et l’atrophie vaginales liées au « syndrome génito-urinaire de la ménopause ».
Mais les constructeurs proposent également d’y avoir recours pour traiter certains symptômes urinaires, lorsqu’il s’agit d’incontinence d’effort, ou même lorsqu’une patiente souffre d’hyperactivité vésicale.
Comment le laser pourrait-il améliorer les problèmes d’incontinence ?
Les fuites urinaires apparaissent très souvent lorsque le col vésical et l’urètre ne sont plus suffisamment solidaires de la paroi vaginale, notamment en cas de traumatisme pelvien. Un effort physique ou une toux provoquent alors une perte involontaire d’urine : on parle d’incontinence d’effort.
Le laser, grâce à son effet photothermique, intervient dans ce cas pour « brûler » la couche la plus superficielle des tissus vaginaux et donc stimuler le renouvellement cellulaire et la production de collagène. Les liens entre le vagin et les structures urinaires profiteraient ainsi d’un effet tenseur propre à restaurer la continence.
Des résultats largement incomplets sur l’incontinence d’effort
Le fait est qu’il n’existe que de rares études sur l’utilisation de cette technique laser contre l’incontinence urinaire. Des patientes ayant bénéficié de trois séances espacées d’un mois auraient vu leur mobilité urétrale améliorée, mais aucun suivi n’a été fait au-delà de six mois. Difficile alors de conclure quoi que ce soit sur l’efficacité d’un tel traitement contre l’incontinence, en l’absence d’évaluation plus poussée.
Ce manque de recul soulève de nombreuses interrogations parmi les urologues, tant au niveau de ses modalités (fréquence des séances, renouvellement nécessaire…) que des effets secondaires. Pour l’instant, on ne sait rien de la manière dont les tissus lésés vont se comporter à long terme.
L’Association française d’urologie appelle à la vigilance
Cette technique déjà proposée par certains gynécologues dans leur cabinet suscite des espoirs chez de nombreuses patientes. Néanmoins, l’AFU recommande expressément d’appliquer le principe de précaution. D’autant que les agences françaises de santé ne se sont pas encore exprimées.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
Le comité scientifique de Sphère-Santé a pour rôle de définir la ligne éditoriale des rubriques L'incontinence" et Les solutions. Les autres rubriques du site sont sous la responsabilité exclusive de Sphère-Santé.
Date de publication : 20/03/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue