L’incontinence anale toucherait un million de Français. Tabous pour les patients, méconnus de bon nombre de médecins, ces troubles de la continence impactent douloureusement le quotidien de ceux qui en souffrent. C’est dire si l’espoir soulevé par le traitement proposé dans le cadre d’un nouvel essai clinique est grand : grâce à une thérapie cellulaire, il est possible d’améliorer la contractilité des sphincters.
Comment une thérapie cellulaire améliore le quotidien de 58 % des patients concernés
Restaurer la capacité des sphincters à se contracter : c’est ce que cette thérapie cellulaire vise à réussir. Testé sur douze patients souffrant d’incontinence anale suivis au CHU de Rouen, ce traitement à la pointe de la recherche a considérablement amélioré le quotidien de 7 d’entre eux. Un premier essai clinique concluant, qui représente un fabuleux espoir.
Voici les idées reçues les plus répandues concernant l’incontinence anale
Non, l’incontinence anale ne concerne pas qu’une poignée de personnes. Elle touche un million de Français, dont 350 000 avec une forme sévère. Ce trouble de la continence correspond à l’émission involontaire de gaz, accompagnée ou non de selles liquides ou solides. Et la fréquence de cette incontinence serait largement sous-estimée selon les spécialistes, car beaucoup taisent leur handicap, jugé à tort honteux.
Et non, l’incontinence anale n’est pas seulement une pathologie liée au grand âge. Différentes causes peuvent expliquer son apparition. Outre les malformations congénitales, l’incontinence anale peut survenir suite à un traumatisme des sphincters, comme un accouchement difficile ou un acte chirurgical, ou accompagner d’autres pathologies (AVC, cancers…).
Découvrez comment l’incontinence anale peut être soignée grâce aux cellules souches
Lorsque les sphincters, les muscles qui entourent la zone anale, dysfonctionnent ou sont rompus, ils perdent leur capacité à se contracter correctement : l’incontinence s’installe alors. C’est cette cause que les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Rouen Normandie ont cherché à combattre grâce à une thérapie cellulaire régénératrice.
Le principe ? Recourir aux cellules souches pour regagner en contractilité sphinctérienne.
Dans un premier temps, l’équipe prélève chez le patient à traiter un fragment musculaire au niveau de la cuisse pour y sélectionner des cellules souches adultes (myoblastes) capables de se différencier en cellules musculaires. Elles sont ensuite cultivées puis réinjectées au sein du sphincter défaillant pour qu’elles produisent de nouvelles fibres musculaires fonctionnelles. Les sphincters regagnent ainsi leur contractilité.
La thérapie cellulaire, le traitement de référence de demain ?
L’essai clinique a été réalisé au CHU de Rouen sur 24 participants, la moitié d’entre eux bénéficiant du traitement tandis que l’autre moitié recevait un placebo. Un an après l’injection des cellules souches, 58 % des patients traités ont vu leur incontinence s’améliorer significativement (évaluation mesurée grâce au score de Cleveland), alors qu’une seule patiente traitée par placebo a noté une amélioration de sa situation. Ainsi, le score d’incontinence est passé en moyenne de 15 à 6,5 points. Des résultats confirmés lors du traitement ultérieur du groupe placebo : les participants qui le souhaitaient ont pu bénéficier d’une injection de leurs cellules souches préalablement cryoconservées. Bien tolérée par les patients, moins invasive qu’une chirurgie souvent lourde, la thérapie cellulaire pourrait devenir le traitement privilégié face aux incontinences réfractaires.
Et si vous parliez de votre quotidien pour l’alléger ?
L’incontinence anale ne devrait plus être taboue, mais il n’est pas facile d’en parler à ses proches. Pour échanger sur vos difficultés, vous informer et bénéficier de conseils, vous pouvez contacter l’Association d’Aide aux Personnes Incontinentes, une association créée par des professionnels de santé spécialisés dans la prise en charge de votre handicap.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 18/12/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue