L’incontinence anale, cela vous parle ? Si nous pensons spontanément aux fuites urinaires, les problèmes liés à la défécation sont trop souvent oubliés et demeurent un sujet tabou. Beaucoup de victimes de ce handicap si lourd à vivre restent murées dans le silence alors que des solutions existent. Finalement, le premier remède à l’incontinence fécale serait-il la parole ?
L'incontinence fécale, au grand tabou les grands remèdes !
Parce qu’elle touche à des zones intimes de notre corps, l’incontinence anale est un handicap qui reste extrêmement tabou dans le monde médical. Persuadées qu’il n’existe pas de remède, les victimes d’incontinence fécale ont du mal à en parler à leurs proches, et les docteurs eux-mêmes n’identifient pas toujours le problème. Il est temps de briser le tabou, car des solutions existent et peuvent changer la vie des malades !
Qu’est-ce que l’incontinence anale ?
L’incontinence fécale se définit par l’émission incontrôlée de selles, qu’elles soient liquides ou solides. L’incontinence anale, quant à elle, englobe cette dernière dans sa définition, mais comprend aussi les émissions de gaz.
Oui, ce handicap touche les personnes âgées… mais pas seulement. En réalité, l’incontinence anale concerne en France 11 % des adultes, soit plus d’un million de Français ! Et parmi eux, davantage de femmes que d’hommes sont concernées.
Comment expliquer l’origine de ce handicap si mal connu ?
Le contrôle normal de la défécation est assuré par plusieurs composants de notre organisme. D’une part, la régulation du canal anal est assurée par les sphincters, internes et externes. Mais aussi, la zone rectale est parcourue de nerfs sensitifs qui participent également à la retenue et au relâchement des selles.
Des dysfonctionnements de ces mécanismes entraînent des problèmes d’incontinence anale, et peuvent provenir d’origines très diverses tels que : un accouchement, des maladies neurologiques, une chirurgie anale, une malformation congénitale, un diabète ou un cancer.
Brisons le silence autour de l’incontinence anale !
Si ce handicap est particulièrement pesant pour les personnes qui en sont victimes, c’est aussi à cause des conséquences que l’incontinence anale entraîne. Pour les patients tout comme pour certains médecins, elle reste un problème tabou et beaucoup continuent à souffrir dans le silence. Les victimes d’incontinence fécale s’éloignent peu à peu de leurs proches et voient leurs liens sociaux et affectifs s’effriter. Certains témoignent ne pas oser évoquer leurs problèmes, même à leur conjoint, et se retrouvent totalement isolés.
6 solutions contre l’incontinence anale
Dans certains cas, l’incontinence anale n’est que le symptôme d’une autre pathologie, comme un cancer ou une tumeur. Il est dans tous les cas primordial de libérer la parole et d’aborder le sujet avec votre médecin afin qu’il puisse établir un diagnostic, et parce que des solutions existent.
Le changement de régime
Dans les cas les moins graves, et surtout en cas de selles plutôt liquides, un changement de régime peut suffire à régler les problèmes d’incontinence du patient. Il peut être complété par certains traitements médicamenteux : suppositoires, pansement intestinal, charbon, pour réduire les émissions de gaz…
La rééducation ano-périnéale
De la même manière que pour l’incontinence urinaire, il existe dans certains cas la possibilité d’une rééducation dite « par biofeedback » auprès d’un kinésithérapeute spécialisé.
La sphinctérorraphie
Cette opération est réalisable lorsque l’incontinence fécale tient son origine dans un trop grand écartement des sphincters : elle permet d’en rapprocher les deux parties.
La neuromodulation
Si, au contraire, l’origine de l’incontinence anale est nerveuse, la neuromodulation peut être une solution. Elle consiste à stimuler, grâce à une électrode, les racines nerveuses.
L’anneau magnétique
L’anneau magnétique est une solution innovante, mais encore en phase de test au CHU de Nantes. Pour cette raison, le procédé n’est pour l’instant pas remboursé par la Sécurité sociale.
Traitements chirurgicaux lourds
Pour les victimes d’incontinence anale qui n’auraient pas réussi à solutionner leur handicap d’une autre façon existe la possibilité d’une chirurgie assez lourde. La première consiste en la pose d’un sphincter artificiel. La seconde, nommée graciloplastie, revient à transposer un muscle de la cuisse autour de l’anus. En dernier recours, une stomie est possible (pose d’une poche au niveau de la paroi abdominale).
Oubliez le tabou de l’incontinence fécale : faites-vous aider !
Si vous êtes victime d’incontinence anale ou fécale et que vous ne savez pas vers qui vous tourner, sachez qu’il existe une Association d’Aide aux Personnes Incontinentes (AAPI). Ils assurent une permanence téléphonique pouvant s’avérer très précieuse lorsqu’il s’agit de faire le premier pas.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 27/03/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue