Le champ d’application des injections de cellules souches ne cesse de s’élargir ! Une équipe de chercheurs français a récemment réussi à utiliser ce type de traitement cellulaire comme thérapie de l’incontinence anale. Le premier essai clinique met en évidence une forte amélioration des conditions de vie des patients et présage une guérison définitive de ces fuites fécales très handicapantes.
Voici la thérapie à connaître contre l’incontinence anale
L’espoir d’une guérison définitive renaît pour les personnes atteintes d’incontinence anale depuis mai 2017 et la publication des premiers résultats d’un traitement basé sur le génie génétique et la différenciation cellulaire. La thérapie, conçue sous l’égide d’équipes de l’Inserm et de l’Université de Rouen, permet de reconstituer les fibres musculaires du sphincter et de retrouver rapidement un meilleur contrôle des fuites fécales. Faiblement invasive, elle présente aussi l’avantage d’utiliser les propres cellules souches du patient.
En meilleure santé et plus longtemps avec la thérapie cellulaire !
Élément-clé d’une médecine « régénérative », la thérapie cellulaire se distingue par sa capacité à reconstituer tout ou partie d’un tissu, voire d’un organe, du corps humain. Déjà connue pour son traitement avec succès de brûlures très sévères, de lésions de la cornée ou de cancers du sang, elle fait l’objet d’une recherche massive pour en identifier chaque jour de nouvelles applications.
Dans la lignée des travaux menés sur l’incontinence urinaire, des chercheurs français se sont intéressés à son potentiel pour soigner une affection voisine, les fuites fécales. Celles-ci résultent généralement d’un mauvais fonctionnement du sphincter lisse, l’un des principaux muscles assurant l’ouverture et la fermeture de l’anus.
Comment le génie cellulaire va soigner l’incontinence anale
Face aux différentes possibilités d’utilisation des cellules souches, les équipes du CHU de Rouen et de l’Inserm ont privilégié une solution facile à mettre en œuvre. Le protocole consiste à prélever par biopsie chez le patient un très léger fragment du quadriceps, dont les amas cellulaires mésenchymateux sont ensuite extraits puis mis en culture pendant 3 semaines. Ces éléments ont la propriété de se transformer, selon l’environnement, en cellules spécialisées (de cartilage, de peau...). Lorsqu’ils se sont fortement multipliés en tant que myoblastes (les cellules souches en charge de la production des fibres musculaires), ils se voient injectés dans le sphincter du malade. Leur reproduction permet de retonifier progressivement l’organe et assure ainsi la récupération durable du contrôle de la défécation.
Incontinence anale, découvrez les résultats vraiment prometteurs de chercheurs français
Testée avec réussite sur les rats, la thérapie a ensuite fait l’objet d’un essai clinique sur 24 personnes touchées à des degrés divers par une incontinence anale. Ses résultats se révèlent très encourageants : 58 % des patients ayant bénéficié d’une injection témoignent d’une régression importante de leurs pertes fécales. Leur score de Cleveland (une échelle médicale pour évaluer le type et la fréquence des selles) moyen passe de 15 avant traitement à seulement 6,5 après. Cette amélioration fonctionnelle s’accompagne d’une organisation plus simple de leur vie quotidienne, notamment lors d’activités professionnelles ou de loisirs.
Pour confirmer ces différentes valeurs ajoutées de la thérapie, les chercheurs devraient lancer rapidement un nouvel essai portant sur 150 malades.
L’autre traitement à ne pas oublier lors de fuites fécales !
Dans l’attente de l’homologation d’un traitement à base de cellules souches, il est possible de résoudre certaines incontinences anales très handicapantes par la pose d’un pacemaker au niveau du sacrum. Destiné à stimuler les sphincters, ce dispositif présente toutefois plusieurs contre-indications importantes, et son efficacité reste très différemment ressentie selon les patients.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 20/11/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue