Si votre enfant souille régulièrement ses sous-vêtements ou émet des selles dans des endroits inhabituels, il pourrait souffrir d’encoprésie. Ce trouble de la défécation touche 1 à 4 % des enfants de plus de 4 ans, et peut s’installer même après une période où la continence fécale semblait acquise. Alors, comment repérer les symptômes de cette incontinence infantile ?
Comment définir clairement l’encoprésie ?
L’encoprésie se définit par une défécation jugée incontrôlable par un enfant de plus de 4 ans capable d’être conscient de sa continence. Elle se caractérise par des selles formées ou semi-formées que l’enfant émet hors des toilettes, principalement en journée. Mais l’encoprésie ne constitue pas à proprement parler une réelle incontinence infantile, puisque le sphincter anal possède une contractilité normale. Alors à quels mécanismes l’enfant se heurte-t-il ?
Comment ce trouble de la continence s’installe-t-il progressivement ?
L’encoprésie peut être primaire, et donc apparaître chez un enfant n’ayant jamais acquis la propreté, mais est le plus souvent secondaire, et s’installe après plusieurs mois de continence, voire plusieurs années. Ce sont d’ailleurs le plus souvent des garçons âgés de 6 à 10 ans.
L’enfant encoprétique ressent le besoin d’évacuer les selles, mais se retient volontairement. À long terme, il perd graduellement la sensation de besoin, car le rectum s’habitue à être rempli. Au-delà d’un certain volume, des fuites de selles se font par débordement, sans que l’enfant puisse les contenir.
Si la période de stagnation des selles est importante, un amas de matières fécales plus ou moins déshydratées, ou fécalome, peut alors se former et irriter la paroi rectale. Celle-ci produit alors des sécrétions liquides qui s’échappent par l’anus, à ne pas confondre avec une diarrhée.
Si les exonérations faites aux toilettes sont rares, l’enfant encoprétique contrôle parfaitement ses urines, ce qui exclut toute maladie neurologique. Une consultation par un médecin permet bien souvent d’écarter d’autres maladies à l’origine d’incontinence.
Apprenez quelles causes inattendues déclenchent l’encoprésie
L’encoprésie débute le plus souvent par une constipation plus ou moins chronique, doublée de facteurs psychologiques. Plusieurs cas de figure se dessinent alors :
- L’encoprésie peut s’installer de manière passagère chez un enfant souffrant d’une fissure anale, résultant d’un épisode de constipation sévère. La peur de la douleur pousse l’enfant à se retenir, jusqu’à aboutir à des fuites de selles par débordement.
- L’enfant éprouve des difficultés psychologiques qui se cristallisent autour d’une constipation souvent présente. L’encoprésie devient alors un mode de communication avec l’entourage. Elle peut révéler notamment des problèmes lors de l’apprentissage de la propreté : mise au pot trop précoce, inquiétude obsessionnelle autour des exonérations ou au contraire désintérêt des parents lors de cette période d’acquisition de la continence. L’encoprésie peut également traduire d’autres traumatismes psychologiques, comme la séparation du couple parental, des carences affectives, la naissance d’un puiné…
Choisissez les réponses les plus adaptées à l’encoprésie de votre enfant
Dans un premier temps, la prise en charge de la constipation, avec un suivi à long terme, est indispensable. Un traitement pour ramollir les selles et éviter les exonérations douloureuses, les soins locaux de fissure anale et l’application d’un régime adapté sont à privilégier, plutôt que les lavements souvent mal vécus par un enfant. L’instauration d’un rituel de passage au toilettes, matin et soir, est aussi préconisée pour rétablir le processus de défécation.
Enfin, un accompagnement psychologique, voire psychiatrique, encadré par un professionnel peut se révéler indispensable pour les cas les plus sévères.
Refusez d’aggraver cette incontinence « psychologique »
Moqué par ses camarades, parfois rejeté par l’entourage, voire sanctionné, l’enfant encoprétique se replie souvent sur lui-même, victime de sentiments de honte et de culpabilité. Une situation qui risque d’ouvrir la voie à une dépression latente.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 15/05/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue