Une équipe de chercheurs chinois suscite de grands espoirs dans la lutte contre l’incontinence, notamment celle d’effort. Avant de recourir à une intervention chirurgicale, ces médecins permettraient d’offrir une piste alternative douce grâce à l’électroacupuncture. Les résultats de leur essai sur 400 patientes sont encourageants : cette thérapie réduirait le volume des fuites urinaires de plus de 50 %.
Incontinence d’effort, qui est concerné ?
Deux à trois millions de femmes souffriraient de fuites urinaires, pour la plupart atteintes d’incontinence liée à l’effort. Grossesses, ménopause, sport à outrance, les causes de ces pertes d’urine lors d’un effort, d’un éternuement ou d’une toux sont multiples et les rendent invalidantes au quotidien. Les traitements actuels permettent souvent d’améliorer la situation des patientes : à chaque profil correspond d’ailleurs une thérapie, voire plusieurs. Or une équipe chinoise a ouvert une piste encore inexploitée, l’électroacupuncture. Les résultats de l’essai clinique viennent d’être publiés.
Découvrez l’électroacupuncture, issue d’une pratique chinoise millénaire
Pour la médecine chinoise traditionnelle, le corps est traversé par le QI, l’énergie vitale. Celle-ci s’écoule par les méridiens, des canaux spécifiques, qui créent une circulation énergétique harmonieuse à travers tout le corps, reliant ainsi les différents organes ou « systèmes d’organes ». Selon cette conception, les maladies surviennent lors d’un dérèglement de la circulation du QI. L’acupuncture intervient alors pour tenter de libérer l’énergie bloquée grâce à des aiguilles stimulant des points correspondant aux symptômes ressentis. L’électroacupuncture, quant à elle, recourt à une impulsion électrique additionnelle permettant d’intensifier la stimulation des aiguilles traditionnelles.
Lors de l’essai sur les 504 patientes atteintes d’incontinence urinaire d’effort, l’équipe de chercheurs chinois a évalué l’impact de cette méthode d’électroacupuncture appliquée à la région lombosacrée (située entre les dernières lombaires et le sacrum). Pour éliminer tout effet placebo, un groupe de femmes n’a pas subi de réelles séances d’électroacupuncture, mais une simulation sans pénétration de l’aiguille dans la peau ni décharge électrique.
Comment les patientes ont vécu ce traitement contre leur incontinence
Les participantes, âgées de 40 à 75 ans, ont bénéficié de 18 séances d’électroacupuncture sur une période de 6 semaines consécutives. Et les résultats ont été très satisfaisants, notamment sur le volume des fuites urinaires. Les femmes réellement sous électroacupuncture ont constaté une diminution moyenne du volume des fuites urinaires de 53,8 %, alors que le groupe contrôle, sans réel traitement, n’a observé que 13,7 % de réduction. La fréquence des pertes d’urine a également connu une diminution significative, et surtout sur une période allant jusqu’à 30 semaines après le traitement.
L’atout majeur de cette méthode, outre ses résultats encourageants, réside dans la simplicité d’accès aux soins et le peu de risques ou d’effets secondaires encourus. Si certaines ont noté quelques hématomes et un peu de fatigue liée au rythme soutenu des séances, environ 85 % des patientes ont déclaré avoir tiré un bénéfice de cette thérapie.
Reste à confirmer les résultats et à découvrir les mécanismes à l’origine de ces améliorations par des études plus poussées.
L’acupuncture est-elle une thérapie reconnue ?
La médecine occidentale peine à prouver scientifiquement l’efficacité de l’acupuncture. Elle concède néanmoins que cette thérapie peut s’avérer un complément utile dans la prise en charge de maux aussi divers que les lombalgies chroniques, les migraines ou encore les douleurs de l’accouchement.
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 02/10/2017
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue