Environ 10 000 personnes par an sont atteintes d’un cancer de la vessie. Plusieurs techniques opératoires existent dont la néovessie qui remplace l’organe malade. Votre rôle de patient actif consiste à contrôler ce nouveau réservoir pour limiter les risques d’incontinence. Pour ce faire, avant et après l’opération, vous informer sur la rééducationadaptée demeure le credo de l’équipe médicale spécialisée.
Qu’appelle-t-on « néovessie » ?
La néovessie est une vessie artificielle conçue pour contrôler l’incontinence urinaire. Elle est créée lors d’une opération chirurgicale afin de retirer votre vessie « native », atteinte par une tumeur maligne récidivante ou invasive. Vous devez apprendre à l’utiliser pour contrôler votre incontinence. Pour ce faire, l’équipe médicale a pour mission de vous informer sur le processus de rééducation.
Comment contrôler l’incontinence avec une néovessie ?
La néovessie est une poche faite d’un morceau d’intestin grêle est connectée à l’urètre. Contrairement à votre vessie naturelle, vous ne ressentirez pas les mêmes sensations avec votre néovessie. Pour contrôler l’incontinence avec une néovessie, il est essentiel de suivre un programme de rééducation personnalisé, car :
- Votre cerveau ne recevra plus les signaux habituels de « réservoir plein »
- Votre néovessie ne dispose pas de muscles pour la vidange
- Votre sphincter a un rôle clé dans le contrôle de la néovessie
Il est donc impératif de bien comprendre les exigences et les conséquences de cette intervention avant et après l’opération.
S’informer avant l’opération
Le premier choc du diagnostic posé, votre généraliste peut vous orienter vers tel chirurgien ou tel établissement. De votre côté, grâce au palmarès des hôpitaux, vous recueillez des informations affinées qui vous rassurent sur la compétence des équipes médicales.
Puis vient la consultation avec le chirurgien. Mieux vaut anticiper vos questions pour comprendre les techniques opératoires. Cet article aborde la seule néovessie, mais il existe d’autres solutions chirurgicales.
Selon l’organisation des soins, un infirmier spécialisé, le stomathérapeute, peut intervenir. Il vérifie votre compréhension des explications du chirurgien et des conséquences de l’opération (la cystectomie) sur votre qualité de vie. Surtout, il est primordial de réaliser votre rôle dans la maîtrise de la néovessie.
L’infirmier vous explique le mécanisme de la vidange, car vous devrez vider cette vessie régulièrement et celui de la continence qui feront l’objet de la rééducation post-opératoire.
Entreprendre votre rééducation après l’opération
À l’hôpital, la rééducation avec un kinésithérapeute dure environ 15 jours. L’objectif principal est d’atteindre une continence idéale, en urinant toutes les 3 à 4 heures durant la journée et toutes les 6 à 7 heures durant la nuit, sans fuite.
Désormais, vous appréhendez vos nouvelles sensations corporelles : vous ne ressentez plus le besoin d’uriner. Vous surveillerez d’autres signes annonciateurs d’une vessie pleine, telle une sensation de lourdeur pelvienne. Dorénavant, uriner vous oblige à utiliser les muscles du plancher pelvien que peu de personnes travaillent habituellement.
Pour ce faire, vous contractez 10 fois votre sphincter anal tout en gardant relâchés les muscles abdominaux et les adducteurs pour parvenir à 100 contractions quotidiennes !
Dans les premiers temps, il convient d’uriner à heures fixes : le jour toutes les 2 h et la nuit toutes les 3 h. Dans l’année, 80 à 90 % des patients sont continents la journée.
La continence nocturne est plus longue (contractions incontrôlées de la néovessie) : la 2e année vous verra atteindre un résultat correct. D’ici là, munissez-vous de protections adaptées ou d’étuis péniens pour les hommes, pour éviter des levers fréquents.
À long terme, l’incontinence disparaît dans 80 % des cas.
Cette nécessaire implication dans votre traitement peut s’avérer lourde : les baisses de moral guettent si vous restez seul. L’entourage proche ne peut être mis sans cesse à contribution.
Vous gagnerez à échanger avec des psychologues dont l’aide vous sera peut-être proposée dans le service d’oncologie. Pensez également à l’appui précieux des associations de patients !
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 14/08/2023
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue