Pour la quatrième année consécutive l’AFU a organisé, du 9 mai au 12 mai 2006, une semaine nationale consacrée à l’incontinence urinaire.
Cette année l’AFU a décidé de surprendre sur le thème de la miction. En effet, même si cela peut faire sourire plus d’une personne, farie pipi, ça s’apprend !
Faire pipi ça s’apprend
Même si nous ne présentons pas de pathologie particulière liée à la miction, chacun doit prendre conscience du fonctionnement de son appareil urinaire. C’est le système nerveux autonome qui commande des mécanismes simples permettant la continence comme la miction. C’est ainsi que la continence comme la miction quand le besoin se faire sentir, se font sans que nous ayons à mettre en place une quelconque volonté.
Pour la plupart des personnes faire pipi se passe d’apprentissage et pourtant un grand nombre d’entre nous ont développé de très mauvaises habitudes qui, potentiellement, peuvent avoir un impact sur le fonctionnement de la vessie.
L’appareil urinaire, comment ça marche ?
Les reins sont comme une usine de traitement de déchets. Les déchets en question sont les déchets de notre organisme qui sont traités et transformés en urine. Ces mêmes reins déversent, via les uretères, l’urine dans la vessie qui joue un rôle de stock (tampon) le temps de la continence. Ce stockage a lieu durant le temps de remplissage jusqu’à l’excrétion de l’urine par la miction.
La vessie est une sorte de sac qui est constitué de fibre musculaire. Le muscle de la vessie est appelé detrusor. La capacité de la vessie est de 500 ml mais l’envie d’uriner peut se faire ressentir à partir de 250 ml. Comme chacun sait l’apport hydrique d’une personne à l’autre varie, cependant la moyenne que l’être humain élimine par jour est de 1,5 Litre.
Le corps est doté d’un système nerveux secondaire dit autonome. C’est ce système nerveux autonome qui va contrôler l’appareil vésico-sphincterien.
Pendant la période de remplissage les capteurs de la vessie envoient un signal via le système nerveux secondaire pour que le cerveau assure les modalités de fermeture.
Dès que le besoin d’uriner se fait ressentir, ces mêmes capteurs envoient un signal pour informer qu’une miction est nécessaire.
C’est l’urètre qui transporte l’urine de la vessie à l’extérieur. Chez l’homme ce sera de la vessie jusque l’extrémité du pénis et chez la femme de la vessie jusque la vulve.
Le périnée
Il s’agit non pas d’un muscle mais d’un ensemble de muscles dont le rôle de soutien des organes est essentiel, mais qui a également d’un rôle important dans la continence. La localisation du périnée chez la femme comme chez l’homme est identique, il se situe entre la base du sexe jusque l’anus. C’est le périnée qui va empêcher les fuites d’urine à l’effort. De part les spécificités anatomiques de la femme le périnée est plus sollicité que chez les hommes. En effet, chez la femme, le périnée va soutenir, le vagin, l’utérus et le rectum.
Comment bien faire pipi ?
Voici certaines règles qu’il faut respecter que l’on soit enfant ou adulte :
Vider complètement sa vessie : Si vous ne le faites pas il peut se développer des infections urinaires dues à la prolifération des germes.
Se détendre complètement durant toute la miction : cette action va permettre notamment de bien vider sa vessie.
Ne pas pousser : Si vous pousser trop fort vous risquer d’abimer votre périnée. La vidange de la vessie doit se faire en douceur.
Ne pas se retenir quand on a envie : Si on se retient trop souvent on risque de développer une hypertonie du sphincter. Ceci signifie que la personne ne dispose plus de la capacité à se relâcher.
Généralement un individu va aux toilettes entre six à huit fois par jour.
Lorsque les troubles s’installent
Chacun doit être attentif aux signaux informant l’installation d’un trouble urinaire. Certains d’entre eux sont clairement identifiables :
- Vous uriner plus de 8 fois par jour,
- Vous avez des envies irrépressibles d’uriner que vous avez du mal à maitriser,
- Vous avez besoin d’uriner la nuit 2 fois ou plus,
Afin d’aider au diagnostic, les urologues ont mis en place un calendrier mictionnel permettant d’évaluer si l’appareil urinaire est normal ou alors s’il réside un trouble mictionnel. Il s’agit d’un outil d’analyse permettant au médecin d’avoir une vue objective sur les troubles.
Les bonnes habitudes à prendre
Afin de préserver au mieux son appareil urinaire il faut respecter certaines règles simples qui permettront de conserver le meilleur équilibre de l’appareil urinaire :
Boire à satiété : Il faut boire juste ce qu’il faut ! Contrairement aux idées reçues boire ne fait pas maigrir. L’apport hydrique moyen est de 1,5 Litre par jour. Par contre une consommation exagérée de liquide peut nuire d’avantage à l’organisme qu’elle ne lui profite.
Surveiller son poids : Lorsqu’une personne est obèse, le périnée qui joue le rôle de hamac dans le soutènement des viscères et organes se détériore sous l’effet du poids. Comme nous avons pu le voir précédemment, le périnée joue un rôle essentiel dans la continence. D’après les études, une personne qui a un BMI, l’indice de masse corporelle, supérieur à 40 a un risque multiplié par 6 dans le développement d’incontinence.
Ne pas abuser des boissons excitantes : thé, alcool, café, bière, champagne… toutes ses boissons irrite les capteurs d’envie qui sont situés sur la paroi intérieur de la vessie et fait augmenter la production d’urine.
Éviter la constipation : La constipation à un double effet néfaste sur l’appareil urinaire. En effet, la constipation chronique conduit les individus à pousser pour déféquer ce qui a un effet négatif sur le périnée qui absorbe les poussées abdominales. Par ailleurs, les selles qui s’accumulent sont de plus en plus dures et peuvent perturber les contractions naturelles de la vessie.
Arrêter le tabac : Chacun connait les méfaits du tabac sur l’organisme, par contre peu de personnes savent que les produits chimiques contenus dans les cigarettes irritent fortement les capteurs internes de la vessie altérant ainsi son fonctionnement nominal. La pression intérieure de la vessie d’un fumeur est 502% plus importante qu’un non fumeur.
Conclusion
Cette semaine de l’incontinence a permis d’apporter un nouvel éclairage sur l’appareil urinaire mais surtout sur la miction elle-même. Effectivement, faire pipi ça s’apprend ! Les tables rondes et les interventions des spécialistes ont permis de prodiguer des conseils importants sur la façon d’uriner tout en préservant son appareil urinaire. Certaines bonnes habitudes de tous les jours ont également été avancées afin de prévenir.
Source : AFU, 4ème semaine de l'incontinence
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 15/05/2006
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue