Cette année l’AFU a décidé pour sa deuxième semaine dédiée à l’incontinence qui a eu lieu du 24 au 28 mai 2004 d’axer l’ensemble des débats sur la possibilité pour un grand nombre de sujets d’éviter l’incontinence, qui n’est pas une fatalité, et la possibilité de se soigner.
Incontinence, vessie hyperactive ou relâchement des sphincters ?
Si une personne a des fuites urinaires lorsqu’elle tousse, lorsqu’elle porte une charge lourde ou alors quand elle fait de l’exercice physique c’est probablement qu’elle est victime d’une incontinence à l’effort. Il s’agit d’un relâchement des muscles du périnée ou probablement un sphincter trop faible. Ce relâchement musculaire peut trouver son origine dans les grossesses, les efforts fournis lors de constipations chroniques ou alors dans la ménopause.
Les solutions
En première instance c’est de la rééducation qui est prescrite ou conseillée dans ce cas de figure. Cette rééducation se fait chez les kinésithérapeutes spécialisés qui vont faire travailler les muscles du périnée et le sphincter lors d’exercices. Ce travail peut être réalisé via de l’électrostimulation à l’aide d’uns sonde placée dans le vagin. Cette rééducation doit être réalisée dans la durée, généralement deux mois à raison d’une à deux séances par semaine. Pour les femmes qui sont ménopausée, un traitement hormonal pourra être associé à la rééducation.
Dans le cas où la rééducation n’est pas possible ou qu’elle n’a pas été concluante, la chirurgie est envisagée. La chirurgie la plus commune est la pose d’une bandelette sous urétrale. Il s’agit d’un ruban en polypropylène que l’on passe par le vagin pour soutenir l’urètre. Il s’agit d’une chirurgie en ambulatoire, à savoir que la personne sort de l’hôpital le jour même. La pose de la bandelette dispose aujourd’hui de plus de 80% de réussite, ce qui est exceptionnel.
Vous urinez très souvent ?
Si vous urinez plus de 8 fois par jour et que vous vous levez plusieurs fois la nuit sans pour autant absorber de liquide en volume trop important, alors il est possible que vous aillez une vessie hyperactive. Il en est de même si vous devez courir aux toilettes ou que vous ne parvenez pas à retenir quelques gouttes.
Ces vessies hyperactives ont tendance à se contracter à la moindre sensation.
Les solutions à l’hyperactivité vésicale
Il existe des médicaments qui calment les vessies hyperactives avec un effet très rapide. Cette prise de médicaments peut être couplée à une rééducation périnéale qui remusclera le périnée ainsi que les sphincters dont la contraction fera baisser les besoins pressants.
Si la prise de médicaments qui est le traitement de première intention échoue alors une solution chirurgicale peut être envisagée. La solution la plus répandue est la neuromodulation sacrée. Il s’agit d’un petit appareil que l’on pose sous la peau et qui tempère l’activité des nerfs qui sont reliés à la vessie, ce qui permet de circonscrire les contractions anarchiques du detrusor.
La cystite, infection urinaire
Les symptômes d’une cystite sont l’envie régulière d’uriner, le pressentiment de brûlures, des urines foncées et malodorantes.
Il s’agit en fait de bactéries qui prolifèrent dans la vessie et l’irrite.
Dans la plupart des cas, il s’agit de microbes qui migrent du vagin vers la vessie et qui se multiplient au lieu de s’éliminer lors des mictions. Ce phénomène est dû principalement à la sous-hydratation des personnes, c’est le cas le plus répandu.
Dans des cas bien plus rares, il est possible qu’une personne ait des reflux d’urine vers les reins, un calcul ou encore un polype dans la vessie.
La question concernant la transmission de la cystite est récurrente. Les médecins sont clairs, la cystite n’est pas une maladie sexuellement transmissible.
Les solutions pour la soigner et pour l’éviter.
Pour éviter les cystites il faut boire ! Si vous ne buvez pas assez, vous n’allez pas assez souvent aux toilettes et vos urines sont concentrées. En effet, les microbes qui se trouvent dans le vagin remontent facilement dans la vessie et se multiplient. Ainsi, l’apport hydrique journalier de l’ordre d’un litre et demi va permettre de diluer les urines, de multiplier les visites aux toilettes et permettre une élimination régulière des microbes.
Concernant les traitements, le plus adéquat reste la prise d’antibiotique qui va traiter la crise de cystite. Si la cystite est récurrente il faudra alors suivre un traitement durant plusieurs mois.
Descente de la vessie ou muscle relâchés
La descente de la vessie engendre une sensation de poids dans le bas ventre avec souvent la sensation d’une boule dans le vagin. Il s’agit d’une situation qui n’est pas douloureuse mais qui est très handicapante au quotidien. Elle peut s’accompagner de perte d’urine, d’envie impérieuse d’aller aux toilettes et de difficulté à la miction.
Si vous avez ce type de symptômes alors vous avez probablement une descente de la vessie. On entend parfois parler de descente d’organes car il se peut, dans des cas plus rares, avoir des descentes du rectum ou de l’utérus.
Généralement dans le cas d’une descente de vessie, deux stades sont observés. Dans le premier cas, le plus mineur la vessie descend à peine dans le vagin cela étant dû à un affaiblissement des muscles du périnée. Dans le second cas, la vessie descend fortement dans le vagin avec la possibilité même de sortir par la vulve. Il s’agit d’un cas sévère dû à un affaissement des muscles du périnée.
Les solutions à la descente d’organe
Dans le cas d’un début de descente d’organe, il faudra prendre quelques précautions pour ne pas que la situation se dégrade. Il faut absolument si lvous êtes victime de constipation de traiter en priorité le problème de constipation qui engendre de grandes poussées abdominales souvent responsables des descentes de vessie. Si vous faites de l’exercice sportif, pensez à bien vider votre vessie. Dans tous les cas, dans le cadre d’un début de descente d’organe, il est très fortement conseiller de faire de la rééducation.
Dans un cas de descente d’organe avancé, il est possible de faire appel à la chirurgie qui permettra de remettre en place la vessie en passant par les voies naturelles. Afin de renforcer les muscles mais également les ligaments défaillants les chirurgiens utilisent des sortes de bande de tissus synthétiques qui permettent le soutien de la vessie.
Conclusion
En France, les études épidémiologiques mettent en avant plus 4 millions de personnes souffrant d’incontinence dont 3 millions de femmes. Parmi ces femmes une femme sur deux à moins de 50 ans et une sur six a moins de 30 ans.
Cette semaine de la continence est destinée à lever le tabou sur cette pathologie qui handicap au quotidien un grand nombre de personnes. Comme nous avons pu le voir différentes solutions existent pour chaque problème et il est important de consulter assez tôt pour mettre en place la rééducation ou le traitement adéquat.
Source : Urofrance, 2ème semaine nationale de l'incontinence
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
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Date de publication : 31/05/2004
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue