Entre le 14 et 23 mars 2012 a eu lieu la 10e édition de la semaine de la continence organisée par l’AFU (l’Association Française d’Urologie), sur le thème de l’incontinence et la sexualité.
Cette année, la semaine nationale de l’incontinence a été l’occasion de sensibiliser les personnes présentant des troubles mictionnels sur l’interaction entre incontinence et sexualité, sujet rarement abordé.
L’incontinence ou la perte involontaire d’urine toucherait aujourd’hui près de 3 millions de Français. Bien que les traitements existent, trop peu de personnes consultent malheureusement. Ce rendez-vous a eu également pour objectif d’inciter les personnes concernées à parler à leur médecin traitant car des solutions existent.
Durant cette semaine, le patient a été placé au cœur des débats avec la mise en exergue du déni qui caractérise cette pathologie.
En effet, dans une société qui présente la perfection corporelle comme le modèle à suivre voire à atteindre, le déni semble plus simple que d’entamer une réelle prise en charge. Aujourd’hui, l’absence de dialogue ou de plainte ne veut pas nécessairement dire que la personne ne souffre pas et n’est pas en situation de détresse face à l’incontinence. Image de soi altérée, perte de confiance, conduite d’évitement dans la vie professionnelle, amicale, affective, sexuelle sont finalement le lot quotidien d’une grande majorité de personnes non prises en charge.
La pudeur qui entoure la sexualité et l’incontinence rend difficile l’expression d’un trouble ou d’une difficulté.
L’incontinence : un trouble gênant
L’incontinence figure parmi la longue liste des sujets tabous dans notre société actuelle. Si l’incontinence est parfois sous-estimée par le sujet, ce trouble l’affecte davantage lorsque sa vie sexuelle est touchée. Cet atelier s’est attaché à encourager les personnes affectées à en parler et à être prises en charge.
Les troubles sexuels liés à la miction involontaire concernent autant les femmes que les hommes. Ce rendez-vous a été l’occasion de répondre à quelques questions essentielles dont :
- Quels sont les effets de l’incontinence sur la sexualité ?
- Pourquoi les fuites urinaires peuvent-elles survenir au cours d’un rapport sexuel ?
- Comment prévenir les fuites ?
- Quels mots pour informer son partenaire ?
- Quelles sont les prises en charge recommandées ?
Les réponses à ces quelques questions sont le début d’une prise en charge du sujet qui apprend à connaitre les mécanismes qui régient sa pathologie. Ce dialogue lui permet également d’appréhender les solutions existantes et de disposer de quelques clés concernant l’attitude à adopter avec son partenaire.
Effets de l’incontinence sur la sexualité
La diminution du tonus des muscles pelviens peut non seulement entraîner une incontinence urinaire mais contribue également à la diminution des sensations lors des actes sexuels. Chez la femme, les carences hormonales, facteur d’incontinence urinaire peuvent aussi conduire à des rapports sexuels douloureux : troubles de lubrification, diminution de la taille du vagin, etc.
Parmi les facteurs communs expliquant les troubles de la continence et de la sexualité, on retrouve les effets de l’âge. Pour des raisons physiologiques et psychologiques, l’équilibre vésico-sphinctérien peut se voir affecter autant que le désir sexuel.
Différents types d’incontinence
Cette semaine de l’incontinence a été l’occasion de faire un rappel sur les différents types d’incontinence.
Comme expliqué lors des ateliers, il existe principalement 4 types d’incontinence :
- L’incontinence urinaire d’effort provoquée par le rire, la toux, la course, la marche, la levée d’un poids, certains sports, les rapports sexuels,
- L’incontinence urinaire par impériosité dite « urgenturie », qui suit une envie pressante liée à l’hyperactivité vésicale et explique souvent les fuites lors de l’orgasme,
- L’incontinence urinaire mixte qui associe incontinence d’effort et incontinence par impériosité,
- L’incontinence par regorgement qui est une rétention vésicale donnant lieu à des fuites, par débordement.
Diagnostic
Pour restaurer ou tenter d’améliorer la continence du sujet, un diagnostic doit être établi par un médecin. Ce diagnostic s’appuie sur un entretien que l’on appelle interrogatoire mais également le renseignement d’un questionnaire accompagné d’un examen clinique. Cette année, l’AFU proposera plusieurs questionnaires d’évaluation qui permettront de reconnaître les symptômes urinaires. Le but de ces documents sera de comprendre en quoi le fait de consulter est primordial pour l’épanouissement sexuel et la prise en charge.
En plus de ces questionnaires, le thérapeute peut recourir au catalogue mictionnel que le patient aura préalablement pris soin de renseigner quotidiennement et qui consiste à relever pendant plusieurs jours consécutifs des informations sur les mictions. D’autres examens complémentaires peuvent être également effectués.
Prise en charge
Aux mesures hygiéno-diététiques, l’urologue pourra orienter le patient vers de la kinésithérapie, la thérapie comportementale, la psychothérapie, la prise en charge sexologique, des traitements médicamenteux, un traitement chirurgical mini-invasif ou des interventions plus lourdes comme le recours à un sphincter artificiel urinaire ou à la neuromodulation des racines sacrées selon les cas.
Conclusion
L’incontinence n’est pas une fatalité. La prise en charge de ce trouble peut généralement avoir des répercussions favorables sur la sexualité du couple qui souvent se trouve déstabilisée quand une personne du couple présente des troubles urinaires. La conclusion de cette semaine de la continence est de favoriser le dialogue avec son médecin et d’entamer une prise en charge des troubles de la miction est d’apporter simplement les réponses au questionnement lié à la sexualité.
Source : AFU, semaine de la continence urinaire
Quelques mots sur l'auteur :
Pr. Haab
Cet article a été rédigé en collaboration avec le comité scientifique de Sphère Santé, composé de médecins spécialisés en urologie et en chirurgie.
Le comité scientifique de Sphère-Santé a pour rôle de définir la ligne éditoriale des rubriques L'incontinence" et Les solutions. Les autres rubriques du site sont sous la responsabilité exclusive de Sphère-Santé.
Date de publication : 27/03/2012
Cet article ne remplace pas le diagnostic de votre médecin. Si vous souffrez d'incontinence, consultez votre médecin traitant ou un médecin spécialiste urologue ou gynécologue