L'Anaes a élaboré, à la demande de la Société de néphrologie pédiatrique, une évaluation technologique et économique concernant l'utilisation des systèmes d'alarme dans le traitement de l'énurésie nocturne primaire monosymptomatique de l'enfant en comparaison du traitement par desmopressine.
L'énurésie nocturne (EN) est la perte involontaire d'urines, à un âge où un enfant est habituellement « sec », en l'absence de cause organique. L'EN est dite « isolée » (ou « monosymptomatique ») lorsqu'elle n'est associée à aucun autre trouble. L'EN isolée est un symptôme qui témoigne d'une immaturité du contrôle mictionnel. L'énurésie primaire en est la forme la plus fréquente (l'enfant n'a jamais été « sec »). Sa fréquence est de 4 à 8 % des enfants âgés de 7 à 8 ans.
Le traitement de l'EN n'est pas systématique. En effet, la majorité des troubles s'atténue avec le temps. Mais l'EN peut avoir un impact psychologique, familial et social qui justifie dans certains cas son traitement. Lorsqu'un traitement de l'énurésie nocturne primaire monosymptomatique (ENPM) est jugé nécessaire, deux thérapeutiques peuvent donc être utilisées : la desmopressine et les alarmes anti-énurésie. La desmopressine est un analogue structural de l'hormone antidiurétique (ADH). Elle diminue la production nocturne d'urine lorsqu'elle est administrée le soir. Les systèmes d'alarme (ou moniteurs d'énurésie) reposent sur la conduction électrique de l'urine. Ils sont activés par les mictions inappropriées. Ils émettent un signal qui doit être interrompu par l'enfant lui-même. Ils sont fondés sur l'anticipation et la prise de conscience du besoin (conditionnement).
Cette évaluation menée à partir de l'analyse critique de la littérature et de l'avis des membres du groupe de travail met en exergue les points suivants :
Aspects cliniques
- L'efficacité des alarmes anti-énurésie paraît supérieure à celle de la desmopressine dans le traitement à long terme de l'énurésie primaire monosymptomatique.
- A court terme, l'action de la desmopressine serait plus rapide que celle des alarmes.
- Le succès thérapeutique initial obtenu avec les alarmes pourrait être majoré par un traitement combiné avec la desmopressine. L'intérêt de l'association alarme + desmopressine n'a pas été évalué à long terme.
- L'apparente meilleure persistance des effets thérapeutiques après traitement par alarme et le risque de survenue d'effets indésirables graves avec la desmopressine suggèrent que le traitement par alarme est la meilleure option thérapeutique. Afin d'augmenter les chances de succès du traitement par alarme, la participation active de l'enfant doit être obtenue et un accompagnement de la famille doit pouvoir être assuré.
Aspects économiques
- Le traitement médicamenteux par desmopressine représente l'alternative thérapeutique la plus coûteuse pour la collectivité. Ce médicament, remboursé par les organismes de sécurité sociale, n'entraîne pas, cependant, de lourdes charges pour les familles.
- Le coût des systèmes d'alarme est comparable à celui des couches et est totalement à la charge des familles.
- Dans tous les cas, l'absence de traitement implique des coûts totaux supérieurs à chacune des autres alternatives de traitement (alarme ou desmopressine).
Source : communiqué de presse de l'ANAES
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